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La Belle Hélène
et La Famille Benoîton
Deux
oeuvres des années 1864-65 où il est question de la
collection de timbres-poste.
Elles sont mentionnées, mais non référencées, par Philippe de Bosredon dans sa Bibliographie timbrologique de la France ; l'auteur s'en explique dans l'introduction à la publication additive de 1877 du Bulletin de la Société Française de Timbrologie.
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La Belle Hélène
Opéra bouffe en trois actes, livret de
Henri Meilhac et Ludovic Halévy, musique de Jacques Offenbach,
créé à Paris au Théâtre des
Variétés le 17 décembre 1864 - dont on peut lire le livret complet sur Google books.
La scène 7 du premier acte met en présence (le
héros) Pâris, fils du roi Priam, et Calchas, grand augure
de Jupiter. Calchas doit recevoir un mesage de Vénus lui donnant
pour mission de désigner à Pâris la plus belle
femme du monde qui lui est promise (en l'occurence :
Hélène). Le courrier arrivé
précisément par voie de colombe, dûment affranchie
de Cythère...
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Ce
dessin de de l'acteur Dupuis en Pâris à la création
(Draner, 1864) nous offre un gros plan sur la lettre et le timbre !
(source : Gallica)
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Cette évocation n'échappe pas à Arthur Maury qui, dans le n°9 du Collectionneur de timbres-poste (15 mars 1865), insère ceci dans les "faits divers" :
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La
Famille Benoîton
La
Famille Benoîton est une pièce de
théâtre de Victorien
Sardou (1831-1908), créée le 4 novembre
1865 au Théâtre du Vaudeville. On peut en lire le
texte complet sur Internet Archive.
Il y est question des agissements du jeune Fanfan Benoiton, élevé par son père "d'après le système positif et pratique" (et le culte de la pièce de cent sous), animateur
d'une "petite Bourse" de timbres-poste, dans le Parc (de
Saint-Cloud au regard du contexte de la pièce) : ses projets
à l'acte deuxième, scène VI, et ses
déboires, à l'acte troisième,
scène IV.
[Cité par Tiffany, I, 18]
affiche : source Gallica
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Acte
deuxième, scène VI : |
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Et à la fin de la scène VII, Benoîton père invite Fanfan à "retrouver [ses] bons petits camarades et jouer avec eux". Alors Fanfan, à mi voix : "A la hausse, papa ?" et Benoîton père : "A la hausse, toujours !".
Résultat : acte troisième, scène IV : |
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Dès le 15 novembre 1865, soit 11 jours après la création, le Collectionneur de timbres-poste (n°17, pages 134 et 135) rend compte de la pièce "peinture, un peu forcée peut-être, du type actuel du bourgeois parvenu" et dont "un des principaux acteurs est un gentil collectionneur de timbres-poste".
Arthur Maury, pour l'occasion critique de théâtre, nous apprend que "Le rôle de Fanfan est rempli avec une grâce et un aplomb étonnant par une charmante petite fille" et n'hésite pas à écrire que "ce petit prodige est pour beaucoup dans le succès de la pièce".
Maury conclut par "jeunes
collectionneurs, allez voir la Famille Benoîton, vous en
rapporterez un utile enseignement : c'est que collectionner et
trafiquer font deux."
Fanfan Benoîton, joué par la petite Camille - source Gallica
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Le terme
de "benoîton" est passé à l'époque dans la
langue française pour désigner les nouveaux riches dont
l'argent a compromis la notion des valeurs.
Dans le n°19 du Collectionneur
(15 janvier 1866), Arthur Maury pratique lui aussi la substantivation
du nom propre Benoîton dans un article intitulé "La petite
bourse aux timbres", qui raconte (et approuve) la "dissolution"
(approuvée par Maury) par un brigadier des sergents de ville et
le gardien des Champs-Elysées de cette petite bourse : ""Circulez,
messieurs, circulez, disaient les agents, nous arrêterons le
premier qui ouvrira un album" ; et de fait, un petit Benoîton
récalcitrant fut emmené au poste."
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